La Zone à Trafic Limité, ou “l’apaisement” de Paris par asphyxie
#ZTL — Après avoir limité à 30km/h la circulation dans tout Paris, Anne Hidalgo poursuit la bunkerisation de la ville avec la création d’une Zone à trafic limité (ZTL), annoncée en mai dernier et mise en oeuvre dès le second semestre 2022.
La ZTL consiste à interdire la circulation des véhicules en transit dans le secteur Paris-Centre et rive gauche du côté des quais, avec un objectif d’”apaisement” si cher à la Mairie de Paris. Mais l’enfer étant pavé de bonnes intentions, la tranquillité espérée pourrait surtout être synonyme d’étouffement du centre de la capitale.
Un projet mené à marche forcée
Déjà, pour les questions de forme : les modalités concrètes de la mise en place de cette ZTL restent floues. La circulation des véhicule légers resterait réservée aux riverains et à certaines catégories d’usagers dont la liste finale doit être déterminée à la suite d‘une’ “consultation” engagée par la Mairie. Une concertation à marche forcée, réunissant 200 personnes avec un calendrier précipité, dont la méthodologie laisse parfois à désirer :
• Aucune étude d’évaluation des reports de circulation n’a été réalisée avant les premières annonces de la Mairie. Les arrondissements périphériques, déjà fortement impactés par la fermeture des voies sur berges (Ve, VIe, VIIe,) les quartiers autour des boulevards circulaires et les communes limitrophes apprécieront ;
• Aucune étude de mesure de la pollution, à l’appui de capteurs d’ Airparif et de Bruitparif, n’a été faite afin de réaliser un bilan des nuisances constatées dans le centre depuis la fermeture des voies sur berges ;
• Aucun plan général de circulation n’a été mis en place ; nos élus l’ont pourtant demandé à maintes reprises, notamment depuis la pandémie et les initiatives imposées par la Paris telles que les coronapistes.
L’exclusion territoriale et l’asphyxie du centre de Paris
Maintenant, sur la question de fond. Anne Hidalgo et son équipe mettent en place une politique d’exclusion territoriale en rendant le centre de Paris inaccessible aux habitants des arrondissements périphériques, aux franciliens ou à toute personne de passage à Paris. Les inévitables reports de trafic seront la double peine infligée par Anne Hidalgo aux habitants des arrondissements périphériques et aux franciliens — en plus de se voir interdire l’accès au centre de la capitale.
Car non, aujourd’hui tous les trajets ne peuvent pas se faire en vélo ou en transports en commun : déplacements de familles nombreuses ou de personnes âgées, transports d’objets encombrants lors de déménagements par exemple, trajets à des horaires décalés ou vers des communes mal desservies.
Ainsi, il est rédhibitoire pour de nombreux franciliens de faire plus d’une heure de RER/Transilien après une sortie au théâtre ou dans une institution culturelle parisienne, a fortiori dans le climat d’insécurité actuel. D’ailleurs, les chauffeurs de VTC n’ont aucune certitude de figurer dans la liste des véhicules autorisés à circuler dans la ZTL, ce qui accentuerait encore son inaccessibilité.
Cette bunkerisation de la capitale ne profite pas à tous les parisiens mais seulement à une petite élite ayant les moyens d’habiter dans le centre de Paris. Elle contribue à exclure encore davantage les personnes âgées, les familles avec de jeunes enfants ou les personnes handicapées du cœur de Paris. Une politique qui n’est pas étrangère à la fuite des familles, alors que la Ville de Paris a déjà perdu 12 000 habitants par an ces dix dernières années.
Cette mesure est enfin dangereuse pour le rayonnement et le dynamisme de Paris. Ville monde, métropole européenne, capitale économique, administrative et culturelle, Paris doit demeurer accessible aux activités économiques, aux artisans, à toutes les professions de santé et à tous ceux qui y travaillent ou souhaitent profiter de son offre culturelle et artistique exceptionnelle.
La solution — Afin de limiter tous ces écueils, nous proposons :
- La possibilité d’accès temporaire pour les proches de riverains qui auraient besoin d’utiliser une voiture pour venir les voir ;
- L’accès des clients d’hôtels et de restaurants ayant absolument besoin d’un véhicule pour se déplacer ;
- La possibilité d’accéder à la ZTL en réservant une place de parking souterrain située dans la zone ;
- L’autorisation d’accès pour les chauffeurs de VTC afin d’étoffer l’offre de déplacements.
Pour aller plus loin — La question d’actualité de notre porte-parole Aurélien Véron lors du Conseil de Paris de juin